Crise du fer et prochaines bulles financières

Crise du fer et prochaines bulles financières

Il est assez rare qu’une information soit mise en perspectives intelligemment : en clair, qu’on en tire toutes les conséquences possibles. C’est ce que vient de faire Eric Le Boucher, directeur de la rédaction d’Enjeux les Echos,  dans un article intitulé « Un monde au bord de la crise du fer ».
L’information initiale tout d’abord : deux groupes miniers géants, l’anglo-australien BHP Billiton et le brésilien Vale, se sont accordés pour ne plus recourir au système de fixation annuelle des prix du minerai de fer. Ces derniers feront l’objet d’une renégociation trimestrielle indexée sur les cours du marché spot, cours qui dépendent eux mêmes des niveaux des stocks et de la consommation. Répercusion immédiate : une hausse de 30 à 50% des prix.
Eric Le Boucher passe en revue 3 conséquences, plausibles, à cette hausse :
– sa répercusion en aval par les sidérurgiques, chez les constructeurs automobiles, dans le bâtiment, etc. « Le cas du fer, dit-il, pourrait évidemment donner des idées à d’autres producteurs de matières premières rares ou moins rares mais «cartélisables». La crise déboucherait-elle sur une floraison de néomonopoles sous l’œil intéressé de la Chine? En tout cas, une mèche d’inflation est allumée. »
– « deuxième conséquence : les sidérurgistes vont logiquement devoir «se couvrir» de la fluctuation des cours du minerai. Les marchés financiers de dérivés que l’on voulait limiter voient au contraire s’ouvrir tout un nouveau filon de constructions spéculatives. »
– « troisième conséquence,  la volatilité des cours, que l’on voulait calmer, se trouve à nouveau encouragée. L’Opep, l’OCDE et l’Agence internationale de l’énergie viennent de se réunir à Mexico pour tenter de trouver les moyens de reprendre le contrôle des prix du pétrole. Sans grand espoir en vérité, puisque les échanges de brut papier sont 35 fois supérieurs au commerce de brut réel. »
Au total, et c’est ce qu’écrit dans l’introduction de son article Eric Le Boucher, cette hausse brutale des cours du minerai de fer, indique que tout recommence comme avant. La finance a retrouvé son rôle et ses profits antérieurs. « Et si on s’oriente quand même vers une régulation plus serrée, la volonté de remettre le génie dans la bouteille a disparu, personne ne prétend plus être en mesure d’empêcher de nouvelles bulles. »

Des articles qui pourraient vous intéresser