Leyla Gencer : souvenirs

Leyla Gencer : souvenirs

Les maisons de disques grandes et petites ont pratiquement ignoré de son vivant Leyla Gencer. De cette magnifique cantatrice, il subsiste fort heureusement des enregistrements piratés, des cassettes et même des disques qui s’échangeaient sous le manteau.

En 2008, quelque temps après sa mort, Forum Opéra, sous la plume de Yonel Buldrini, lui a consacré un superbe portrait, sous le titre de « Fiancée des pirates pour l’éternité ». Difficile de trouver plus bel hommage !

Extraits : « Qu’est-ce qui fascine chez Leyla Gencer ? Un timbre d’or sombre (la tentative de décrire avec des mots une couleur musicale n’est pas forcément précise) au velouté unique, à la souplesse exemplaire. Une technique hors du commun lui permettant de tout chanter comme l’on dit, et par là-même de rendre aux opéras romantiques de Donizetti-Bellini-Pacini à la fois leur séduisante délicatesse « planante » (ah ! ces pianissimi pulpeux), mais également leur force d’expression dramatique. Une technique permettant aussi ce que l’on pourrait nommer le panache désespéré, cet aspect du Romantisme aimant le brillant un peu « m’as-tu-vu », à la fois naïf mais dramatique et impressionnant, comme ces suraigus couronnant les finales d’actes, faisant dresser les cheveux sur les têtes des amateurs de l’opéra baroque qui ne les comprennent pas ! De petites particularités comme la ligne de chant élégamment interrompue par un sanglot étouffé, ou ces « tics » sympatiques, établissant d’emblée que c’est bien elle que l’on entend… Des exemples ? ces coups de glotte avec passage glissé vers le grave, à la fois impressionnants et prétant à sourire par leur singularité. Notamment, certains « Giammai !! » ainsi décomposés : « Giam-(aigu ou médium) – mai (grave noir) », dans I Vespri Siciliani, demeurent gravés dans notre mémoire et dans notre cœur.
Le nombre impressionnant d’ouvrages rares défendus avec bonheur, la sauvegarde d’un répertoire imposent le respect, l’admiration. « Fiancée des pirates »… ou de Donizetti, devrait-on dire ? ! car Reine de Donizetti, elle demeure particulièrement chère au cœur des donizettiens pour sa participation à la « Donizetti Renaissance », avant Montserrat Caballé, Joan Sutherland, Beverly Sills…. Enfin, peut-être également la discrétion de la personne, de cette grande professionnelle, se tenant loin des médias qui de toute façon ignorent les Artistes discrets et intéressés uniquement d’Art et des moyens de le servir avec passion mais dignité« .

Des articles qui pourraient vous intéresser