Gisèle Croës : passion sans faille pour l’art chinois

Gisèle Croës : passion sans faille pour l’art chinois

Pour la 32ème année consécutive, la galerie belge Gisèle Croës participe à la Biennale des Antiquaires à Paris, au Grand Palais, avec – il fallait s’y attendre – une sélection remarquable d’oeuvres illustrant la richesse de la culture chinoise. Toutes les pièces exposées forment un ensemble cohérent et en mesure de souligner la continuité de l’inspiration artistiques sur plusieurs millénaires en Chine.

Petit rappel : la Biennale des Antiquaires est un grand musée éphémère où tout est à vendre. Elle rassemble cette année 122 marchands de renommée internationale qui y présentent 8.000 oeuvres (mobilier, tableaux, haute joaillerie…) pour une valeur totale de plusieurs milliards d’euros. Quelques 100.000 visiteurs sont attendus d’ici au 24 septembre, jour où elle fermera.

Le parcours de Gisèle Croës a quelque chose d’atypique. Sa cohérence de fond est à l’évidence la passion, l’endurance. Dans une interview qu’elle avait accordée en 1994 au Journal des Arts, elle expliquait comment est né son goût pour l’art d’Extrême-Orient : « Cela s’est fait un peu par hasard, pas consciemment au départ. En 1962, je suis partie comme journaliste à Pékin ; j’ai travaillé pendant deux ans à Radio Pékin, en français. J’ai été fascinée par les hommes, la ville, cette civilisation, cet art. Ensuite, j’ai travaillé dans une maison d’édition à Bruxelles avant de devenir brocanteur. J’étais une modeste marchande, spécialisée dans la vente des meubles en pin – une mode que j’ai d’ailleurs lancée en Belgique. Un jour, je me suis posée la question de savoir ce que j’aimais le plus au monde : la réponse était l’art d’Extrême-Orient. Je me suis mise à étudier à fond l’histoire de la Chine et du Japon, et peu à peu j’ai acheté des objets orientaux, surtout des porcelaines de Chine. En décembre 1979, j’ai ouvert ma première galerie. En octobre 1987, j’ai inauguré ma galerie au numéro 54 du boulevard de Waterloo. »

Dans le même article, elle explique aussi comment elle a assisté à la formation de différentes grandes collections, à l’arrivée de grandes fortunes chinoises sur ce marché. Elle y dit quelles étaient alors ses préférences, les bronzes incrustés d’or et d’argent, de la période des royaumes combattants de 475 à 221 avant notre ère.

Plus intéressant encore, parce que plus personnel : son éthique à l’égard de ses clients et amis, dont je pense être. « Je n’ai pas de collection personnelle », disait-elle : « Je ne veux pas concurrencer mes clients ; c’est une politesse que de leur offrir ce que j’ai de mieux. Et quand on a quelque chose de sublime, même lorsqu’on le vend, il vous appartient encore un peu, pour toujours. »

bronzeDes choses sublimes, c’est très précisément ce qu’elle présente cette année à la Biennale, en particulier des bronzes archaïques dont certaines n’ont pas été vus depuis vingt ans, des masques funéraires, des lampes, des objets liés au culte taoïste, une sélection d’armes un hallebarde de cérémonie en bronze (dynastie Han – 200 avant Jésus Christ)  etc et quelques sculptures dont une tête de Bouddha (dynastie Sui, 581-618) et une monumentale tête en pierre d’un dignitaire (dynastie Song, 960-1279).

Emerveillement garanti !

Des articles qui pourraient vous intéresser