Accompagner l’opéra à Bruxelles, en soutenant La Monnaie

Accompagner l’opéra à Bruxelles, en soutenant La Monnaie

Le Théatre Royal de La Monnaie, à Bruxelles, a connu des heures glorieuses avec Gérard Mortier puis avec Bernard Foccroule. Il est aujourd’hui dirigé avec un indéniable talent par Peter de Caluwe que ma femme, Danuté, et moi avons décidé d’épauler en soutenant financièrement son projet de vidéothèque « MMArchives ». Ce projet consiste à réaliser des enregistrements techniques de qualité des nouveaux spectables de La Monnaie, pour garder la trace d’un merveilleux travail, et permettre aux Amis de La Monnaie de les consulter.

Vous trouverez ci-après le texte de l’interview que nous avons donné à la revue de La Monnaie :

MÉCÈNES DE LA MONNAIE

Depuis son investiture à la direction de La Monnaie, Peter de Caluwe a exprimé le souhait de renforcer l’apport des partenaires privés et d’élargir le mécénat. Alain et Danuté Mallart sont tous deux fascinés par les tendances novatrices de l’opéra, et les arts lyriques sont d’ailleurs à la base de leur intégration dans la capitale belge où ils se sont installés, après avoir vécu en France.

D’où vient votre passion pour l’opéra ?

J’ai grandi dans une bibliothèque où l’on n’écoutait pas beaucoup de musique. On m’a emmené à l’Opéra de Paris en 1960 pour voir une merveilleuse Carmen interprétée par Jane Rhodes avec son mari, le jeune prodige Roberto Benzi, à la baguette. La mise en scène de Raymond Rouleau était somptueuse, un très grand spectacle réunissant sur scène des chevaux et de nombreux personnages.

Ma véritable passion pour l’art lyrique n’a cependant réellement pris son envol que trois ou quatre années plus tard, après avoir entendu chez des amis les Vier letzte Lieder de Strauss interprétés par Elisabeth Schwarzkopf. Ce fut une véritable révélation émotionnelle.

Mon épouse Danuté, qui vivait au même moment en Lituanie, a également découvert comme premier opéra une Carmen chantée par l’éblouissante Elena Obraztsova. C’est plus que probablement ce qui l’a amenée à la fois à choisir l’art comme axe principal de sa vie et à poursuivre ses études au Conservatoire de Moscou.

Le coup de foudre de notre rencontre a été sanctifié par une Traviata à Covent Garden chantée par Carol Vaness et dirigée par Georg Solti.

Comme le dit très bien notre ami Alain Duault : « L’amour circule sur toutes les scènes lyriques, et le désir s’y insinue parce que la voix est sensuelle et qu’elle dit ce que les mots ne chantent pas. »

Quels sont vos liens avec La Monnaie ?

Dès son arrivée en France, en 1976, Danuté est allée à la rencontre de l’art à travers « l’autre » Europe, découvrant entre autres La Monnaie, en particulier le travail de Gerard Mortier dont elle a apprécié bien avant moi la vision novatrice de l’opéra.

Il y a douze ans, nous nous sommes installés à Bruxelles avec l’aide et les conseils de Gisèle Croës. Nos autres marraines que sont Dora Janssen et Lyn Parser nous ont adoptés dans le cénacle belge de la musique, nous faisant ainsi rejoindre Les Amis de La Monnaie, centre de ralliement fédérateur pour les passionnés d’opéra, d’où qu’ils viennent. Ceci a été la base de notre intégration sociale en Belgique.

Pourquoi êtes-vous devenus mécènes de La Monnaie ?

L’art et la culture jouent un très grand rôle dans notre vie, tout comme l’amitié et l’admiration du travail bien fait.

Je suis un entrepreneur et, à défaut d’être artiste, je suis passionné par tout ce qui tourne autour de la création. Nous avons été enthousiasmés, Danuté et moi, par la volonté et la détermination de Peter de Caluwe à réaliser pour La Monnaie un ambitieux projet qui nous a séduits, dès la première année, par sa qualité et son innovation.

Grâce à lui, nous avons découvert des spectacles aussi différents que réussis, tels que Médée ou Macbeth de Warlikowski, Death in Venice mise en scène par Deborah Warner ou Le Grand Macabre avec La Fura dels Baus, une exemplaire Lucia di Lammermoor de Guy Joosten ou un Parsifal surprenant de Romeo Castellucci. Comment les oublier ?

Enfin, la collaboration avec des artistes contempo- rains tels qu’Anish Kapoor dans Pelléas et Mélisande ou Zhang Huan dans Semele est à saluer.

On parle d’un projet de vidéothèque « MMArchives » pour La Monnaie…

La Monnaie possède des archives filmées de tous ses spectacles. Ces documents n’ont cependant pas une qualité technique ou artistique suffisante pour être exploités auprès du public.

J’ai dès lors suggéré à Peter de Caluwe de permettre aux Amis de La Monnaie de les consulter et, afin de garder une trace du merveilleux travail accompli, de réaliser chaque année une version techniquement irréprochable de ses nouveaux spectacles.

Les sociétés de diffusion publique ne pouvant plus octroyer les mêmes aides que par le passé, nous avons pris cette initiative en main en aidant La Monnaie à filmer les deux Iphigénie mises en scène par Pierre Audi. C’était pour nous une façon de remercier La Monnaie du plaisir qu’elle nous procure, ainsi que mes amis belges pour leur accueil si chaleureux.

Mais cela ne suffit pas. J’espère pouvoir encore exer- cer mes talents de rassembleur en amenant d’autres amis mécènes dans ce beau projet, afin d’aider Peter et son excellente équipe à le poursuivre pour de nom- breux autres opéras dans les prochaines années. Il ne reste qu’à espérer que d’autres amoureux de l’opéra décideront également d’apporter leur soutien à ce projet en s’adressant soit à moi-même, soit directement à La Monnaie. »

 

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En relisant ce papier,  je suis allé à la recherche sur internet de traces des passions et des révélations que nous avons eues. Elles sont ici, dans l’article « A la recherche de quelques émotions passées »

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