Alain Mallart rebondit dans l’écologie

Alain Mallart rebondit dans l’écologie

Source : JDD – 6 février 2011

L’homme d’affaires est partenaire de Charles Beigbeder au sein de Green Alliance. Ce duo improbable mise sur le développement durable.

Il débarque à pas menus et commande un thé vert. Cheveux blancs, petite sacoche, cravate baroque et fines lunettes rondes, Alain Mallart, 66 ans, promène ce jour-là sa modestie dans un palace parisien. On avait presque oublié le fondateur du groupe de logistique Novalliance qu’il personnifiait dans les années 1990. On le croyait rangé des affaires. Erreur. Il vient de créer un joint-venture avec Charles Beigbeder, « mon miroir, dit-il. Il partage ma philosophie« . Green Alliance, leur holding où il a investi 15 millions d’euros, fédère des activités dans l’énergie verte et AgroGénération, la société de Charles Beigbeder cotée en Bourse. Le duo gère 50 000 hectares de terres en Ukraine. La chance leur sourit : la récolte de blé a échappé aux incendies de l’été dernier. Et les cours des céréales sont historiquement élevés.

Les deux hommes sont radicalement différents. Charles Beigbeder, 46 ans, diplômé de Centrale Paris, a créé avec succès le site SelfTrade et le groupe Poweo. Il nage comme un poisson dans l’eau dans le microcosme parisien. Alain Mallart, orphelin, autodidacte, a bourlingué sur les montagnes russes du capitalisme. Mêlé contre son gré à l’affaire Executive Life, il a quitté la France pour la Belgique.

Depuis 2004, les deux hommes sont partenaires. « Beigbeder était en road-show pour Poweo. Comme moi dans le transport en 1990, il cherchait à libéraliser le marché de l’électricité », se souvient-il. Alain Mallart investit un million d’euros dans l’aventure. Une sorte de mentor? « Il m’apporte son intuition et sa connaissance de l’entreprise« , précise Charles Beigbeder. En 1968, Alain Mallart démarre au culot comme banquier d’affaires au sein de Crédit Vendôme. Au lieu de lancer des pavés, il jongle avec les chiffres et anticipe le développement du business vert.

« Condottiere » des années 1990

Mais c’est dans le transport, les entrepôts et les services informatiques qu’il fait fortune. Il connaît son heure de gloire dans les années 1990, lorsque son groupe de logistique Novalliance étend son maillage sur l’Europe. Ses méthodes lui valent d’être catalogué « condottiere » au côté de Bernard Arnault, François Pinault et Vincent Bolloré. Six ans plus tard, lourdement endetté, il cède sa création au CDR (Crédit lyonnais) et rachète la SSII GFI.

Sa traversée du désert commence lorsqu’il est soupçonné d’être le délateur dans l’affaire d’Executive Life, une compagnie d’assurance américaine. En 1999, le procès en Californie défraie la chronique, impliquant au premier chef le Crédit lyonnais et François Pinault (Artemis). « Aujourd’hui, je suis blanchi. Mais j’en ai bavé. Il a fallu dépenser trois millions d’euros d’honoraires d’avocats« , reconnaît Alain Mallart. Des déboires sans prise sur un emploi du temps surchargé: voyages, blogging, opéras et les affaires en business angel. Outre Green Alliance, il investit dans les start-up (Externalis)… Et dans une nouvelle reconnaissance avec Charles Beigbeder.

Marie Nicot

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