Total Recall : un rappel de plus pour Philip K. Dick

Total Recall : un rappel de plus pour Philip K. Dick

« Total Recall. Mémoires Programmées » vient de sortir sur les écrans français. Depuis la création de Paul Verhoeren, Total Recall, il s’agit de la onzième adaptation d’une oeuvre de Philip K.Dick, mort en 1983, totalement inconnu du public de son vivant et aujourd’hui considéré comme le plus grand auteur de science-fiction de la seconde moitié du siècle dernier.

Le Monde lui a consacré dernièrement un article remarquablement documenté sous le titre « Philip K.Dick, un prophète à Hollywood. »
Extraits :
« Sur les affiches de « ses » films, on lit désormais « par l’auteur de Blade Runner et Minority Report » en guise d’accroche publicitaire. Et c’est loin d’être fini : cinq ou six tournages sont annoncés, dont le très attendu Ubik, de Michel Gondry… »
« … Dans dix ans… sa vie sera devenue un biopic. Philip K.Dick est l’auteur d’une cinquantaine de romans, d’une centaine de nouvelles, de huit volumes de lettres et d’essais et d’un journal intime, à la fois laboratoire littéraire et compte rendu d’expériences métaphysiques, auto-intitulé L’Exégèse… »
‘…Figure tardive de la contre-culture, quelque part entre William Burroughs et Thomas Pynchon, réunissant tous ses attributs (drogue, galères sentimentales et financières, persécution par le FBI, élans mystiques), Dick fait partie de ces auteurs dont le nom est devenu un adjectif, comme Kafka ou Borges. Il existe un sentiment dickien de l’existence, fait de doutes sur la nature du réel, de quête de la bonté, d’intuition du divin dans les pires rebuts consuméristes et d’ironie sur la portée de ces attitudes…. »
« … Gérard Klein, traducteur du premier roman de Dick paru en français (L’Œil dans le ciel, 1955) et éditeur de quelques-uns de ses meilleurs textes dans la collection « Ailleurs et Demain », va dans le même sens : « Pour moi, l’intérêt qu’il suscite toujours vient de deux thèmes marquants de son oeuvre… Une conception paranoïde du monde et la culture de l’incertitude, qui correspondent à ce que les gens ressentent de notre époque. Il transmet remarquablement une inquiétude, une angoisse qui sont dans l’air du temps. En plus, ses histoires sont souvent transposables dans un avenir proche, qui ne demande pas un trop grand décalage. »
« … Détail intéressant, seuls quatre des onze films dickiens recensés à ce jour sont basés sur des romans : Blade Runner, Confessions d’un barjo, A Scanner Darkly (Richard Linklater, 2006) et Radio Free Albemuth (John Alan Simon, 2010). Tous les autres s’appuient sur des nouvelles, en particulier les gros succès publics que sont Total Recall et Minority Report (Steven Spielberg, 2002)… »

Les commentaires de cet article, il fallait s’y attendre, sont assez contrastés. Exemples :
– « Philip K. Dick est l’auteur de science-fiction le plus important de la seconde moitié du XXe siècle. Affirmation gratuite et bien présomptueuse. Les écrits de Dick sont bien trop souvent incohérents et illisibles. Il suscite le fantasme et on comprend qu’à ce titre il ait inspiré de nombreux cinéastes. Dans un domaine où tout avis est très subjectif, il n’est qu’un auteur secondaire qui relève plus du fantastique et des fantasmes de ses lecteurs que de la science fiction proprement dite. »
– « Les romans de Dick, globalement, contrairement aux nouvelles, ne sont pas très bons : excellente idée de départ, mais développement hasardeux, construction incertaine, fin bâclée… Il faut dire qu’il les écrivait en quinze jours, sans dormir, sous amphétamines… »
– « Je suis un grand fan de Philip K Dick, son oeuvre est à l’image de son talent, immense. Malheureusement, les adaptations à l’écran sont passées à côté de la dimension psychologique des récits (tout comme cet article) ; la schizophrénie est la couleur dominante de l’œuvre de K. Dick. J’aimais le film Blade Runner, je le maudis depuis que j’ai lu le livre, un chef d’œuvre qui est très au dessus du film. »

Le film « Total Recall. Mémoires programmées » ne semble pas susciter un grand enthousiasme chez les critiques cinématographiques.
Le plus sévère est un autre journaliste du Monde qui, dans un article très court intitulé « Total Recall Mémoires Programmées » : baston et effets de manche » écrit ceci : « Les geeks hypermnésiques et autres adeptes des mises en abyme à tiroirs s’amuseront à démêler ce qui, de la nouvelle originale de Philip K. Dick et de sa première adaptation par Paul Verhoeven en 1990, a ici été sauvegardé. Les autres se lasseront rapidement des effets de manche du réalisateur de Die Hard 4, qui, à la réflexion sur le devenir chimérique de nos sociétés, préfère de toute évidence la baston. »

A LIRE :
Dans Télérama : « Total Recall », le match du remake contre l’original »
Dans L’Express : « Total recall, Bonne nuit les petits »
Dans Wikipédia : « Philip K. Dick« , une biographie très détaillée

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